Architecture néo-classique parisienne : l'hôtel du Chatelet ou de Chanac
L'hôtel du Chatelet ou de Chanac, à Paris
Parmi les hôtels particuliers représentatifs de l'architecture néo-classique qui ont été réalisés dans l'ancien faubourg Saint-Germain, l'hôtel du Chatelet en constitue un des exemples conciliant les normes de ce style avec une certaine tradition.
Cette demeure a été commandée par l'abbé Chanac de Pompadour dans la seconde moitié du XVIIIème siècle, d'où son nom parfois attribué à la construction dans certains documents anciens, mais son occupante la plus connue fut la marquise de Chatelet qui constituait l'une des figures du siècle des Lumières. L'article de la Construction Moderne (du 6 novembre 1911) donne davantage de détails sur son historique.
La résidence a été construite par Cherpitel, dont cette œuvre (parmi celles restantes) est jugée comme étant sa principale réalisation. La volumétrie de l'ensemble, avec ses deux ailes latérales encadrant le corps principal de la façade, et un portail monumental à l'entrée, reste typique de l'hôtel particulier parisien; la tradition locale est suivie au détriment de modèles qui seraient plus au goût du jour comme l'emploient déjà certains architectes de la période (voir l'article concernant l'hôtel de Monaco, du moins la partie le traitant avant ses modifications). Un jardin occupe le fond de la parcelle. Avec ses quatre colonnes engagées et sa décomposition en trois parties, la façade principale évoque le Petit Trianon de Jacques-Ange Gabriel, malgré son emprise au sol et son étage supplémentaire et les travées de fenêtres complémentaires de part et d'autre modifiant quelque peu ses proportions.
L'escalier principal, qui donne sur l'entrée, est généralement considérée comme étant le meilleur "morceau d'architecture" de la demeure. Il se constitue de volées droites entourant un vide central, suivant le modèle mis en place dès le XVIIème siècle dans les hôtels particuliers parisiens; cependant, la relation entre l'entrée et l'amorce de l'escalier ménage un effet de surprise découlant de la découverte de son volume. Le vocabulaire décoratif employé reste strictement dans le registre architectural, excepté les ferronneries de la balustrade et les statues placées dans les niches, évoquant la mythologie grecque. Les pilastres au premier étage confèrent de la monumentalité à l'ensemble.
Les intérieurs de l'hôtel particulier (respectivement l'un des salons de l'étage, l'ancienne salle à manger, l'ancien salon principal).
Les autres salles présentent des boiseries suivant la mode néo-classique, plus ou moins richement travaillés. Certains des salons du premier étage présentent des tables décorés de corbeilles à fleurs antiques en bas-relief, ou encore des dessus de porte suivant la même thématique. Le décor des salles du rez-de-chaussée, servant à l'origine à la réception, sont plus riches et variés. L'ancienne salle à manger montre des dessus de portes plus académiques, figurant allégoriquement les saisons. Le travail des cannelures des pilastres est également plus sophistiqué. Le salon principal, de plan octogonal, blanc et or, par ses pilastres et ses médaillons de porte se veut monumental. La décomposition des lambris en revanche, permet de conférer un peu de légèreté à l'ensemble, par le décalage entre les panneaux bas des portes et les soubassements des murs.
Concernant l'histoire récente de l'hôtel, qui n'est pas abordée dans l'article que je fournis, il reste intéressant de savoir que c'est dans l'ancienne salle à manger de la demeure où ont été signés les accords de Grenelle en 1968. Ce qui est actuellement le ministère du travail ouvre de manière plus ou moins irrégulière lors des journées du Patrimoine.
Les photographies proviennent de source personnelle (sauf celle réalisée en 1908 (http://bibliotheque-numerique.inha.fr/collection/1955-paris-hotel-de-chanac-127-rue-de-gren/)), tout comme la coupe sommaire.
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