Architecture parisienne en images : l'hôtel de La Rochefoucauld-Doudeauville, actuelle ambassade d'Italie
En images : L'hôtel de La Rochefoucauld-Doudeauville à Paris, actuelle ambassade d'Italie
L'hôtel de La Rochefoucauld-Doudeauville fait partie de nombreux palais réalisés par la noblesse parisienne dans le faubourg Saint-Germain. Si son implantation reste traditionnelle, avec ses deux ailes perpendiculaires au corps principal encadrant la cour d'entrée, son jardin à l'anglaise, et son ornementation inspirée du style rocaille, sa physionomie actuelle ne date que de 1864. Bien que les origines du bâtiment soient du XVIIIème siècle, le résultat visible aujourd'hui est du aux travaux menés par l'architecte Parent, sur commande du futur duc de Doudeauville, le marquis de La Rochefoucauld, d'où son nom. Cette famille marquera son emprunte par les fastueuses réceptions menées sur place[1].
[1] Voir Violette, "La Duchesse de Doudeauville", La Grande Dame, 1893, p.137
Cet hôtel particulier est donc caractéristique des goûts du Second Empire, où le style rocaille en vogue sous la Régence et au début du règne de Louis XV revenait à la mode. Pour l'occasion, l'architecte va suivre une solution courante au XIXème siècle pour décorer les logements de la grande bourgeoisie et de l'aristocratie : réemployer des boiseries d'époque provenant de résidences démolies pour parer les intérieurs en les réadaptant aux dimensions des pièces présentes sur place. Concernant cet hôtel, la qualité des lambris utilisés avait déjà été soulignée par la presse de l'époque[1].
[1] Voir De Champeaux,"L'art décoratif dans le Vieux Paris", Gazette des Beaux-Arts, 04-1891, n°9, p.280
Le salon chinois est ornementé de panneaux de cuirs dont le dessin des personnages et de la végétation sont directement inspirés de l'Extrême-Orient. Cet intérêt porté à ces cultures est également inhérent au XVIIIème siècle. Les arabesques sont de transition entre le rocaille et le néo-classicisme.
La bibliothèque présente un soubassement peint de lambris paysagers, importés d'Italie, tout comme le bureau en marqueterie, avec sa perspective architecturée.
Le grand salon est décoré de panneaux rocaille, avec de luxueux médaillons d'animaux exotiques, et une grande débauche de végétation et d'angelots, mais dont la composition reste relativement sage; seule les voussures du plafond tendent à la dématérialiser, faisant ainsi la transition. La cheminée est surmontée d'une travée creuse faisant jonction avec le petit salon, dilatant l'espace existant, comme les miroirs installés devant les fenêtres. Celui-ci présente des lambris d'une facture plus simple, mais ses voussures suivent les mêmes caractéristiques.
Une petite antichambre rocaille aux murs dotés de riches lambris formant jonction avec les voussures du plafond par des attributs festifs et musicaux, et contenant une réduction de tempietto en argent, donne accès au théâtre sicilien.
Ce dernier constitue sans doute la pièce la plus originale et la plus finement ornementée de l'hôtel. Installé lors de la transformation de l'édifice en ambassade, une grande partie de son décor provient du palais chinois de Palerme, extravagant pavillon exotique annonçant quelque peu l'éclectisme. Les lambris et les miroirs sont ici de facture rocaille. Il est intéressant de noter la grande finesse d'exécution du plafond. Les niches installées dans les miroirs dématérialisent l'espace.
Après le salon de la mappemonde dont les boiseries semblent s'inspirer de la fin du classicisme, se trouve le grand escalier, création de Parent, suivant l'escalier de la Reine à Versailles, avec sa balustrade, son ordre ionique et ses marbres. Les tapisseries qui l'ornent ont été données à l'empereur chinois au XVIIème siècle puis reprises par les Français lors du sac du palais d'été de Beijing en 1902.
Les photographies (sauf les vues aériennes) sont de source personnelle, les informations du dépliant de visite.
Commenter cet article