Architecture néo-classique parisienne : l'hôtel de Monaco

L'entrée de l'hôtel de Monaco, situé 57 rue Saint-Dominique à Paris

L'hôtel de Monaco, actuelle ambassade de Pologne à Paris

En avance sur les journées du patrimoine de cette année, je vais proposer une sélection de lieux architecturalement intéressants à Paris et ses environs dépassant le cadre du palais de l'Elysée, de l'hôtel Matignon, ou encore de l'Assemblée Nationale ou du Sénat, simplement au titre de curiosités qui méritent d'être connues.

L'hôtel réalisé par Brongniart, et la version actuelle (source du dessin : http://www.bacrie.com/pcbcr/bacrie.html)

Je commence par l'ambassade de Pologne, situé 57 rue Saint-Dominique. Il est également appelé hôtel de Monaco du nom du commanditaire, la princesse de Monaco, qui souhaitait une résidence qui rivalise en faste avec celui qu'elle dut quitter (ce n'était rien de moins que l'hôtel Matignon). Elle fait appel en 1774 pour cela à un architecte qui commençait alors à être connu, Brongniart (l'auteur de la Bourse de Paris). Celui-ci s'inspire directement des modèles italiens de la Renaissance pour concevoir le palais sous forme de villa, en opposition avec la typologie de l'hôtel particulier parisien.

Après avoir accueilli quelques maréchaux d'Empire et un ambassadeur autrichien, l'ensemble est complètement remanié par un élève de Brongniart, Fédel. Il suit à l'extérieur le vocabulaire architectural employé par son prédécesseur, toutefois en le modifiant, avec la suppression de l'ordre colossal auparavant présent. Il renoue en revanche la volumétrie avec la typologie des hôtels particuliers parisiens. Le dessin et les photographies permettent la comparaison entre la construction d'origine et celle actuelle. Il est vrai que le maitre d'ouvrage de ces travaux, Hope, souhaitait, selon les sources, s'inspirer soit de Fontainebleau soit de Versailles. Les décors intérieurs employés font plutôt penser à la première hypothèse, en exceptant le grand escalier d'accès aux salles de réception.

La galerie donnant accès au grand escalier, la scènographie de l'escalier et une coupe sommaire de cette oeuvre à échelle des personnages représentés.

Ce dernier est probablement le plus beau morceau d'architecture de l'ensemble. Son emplacement, donnant en bas sur une galerie formant l'aile ouest de la demeure, ne laisse deviner qu'au dernier moment l'ampleur de son espace. L'ornementation est empruntée au néo-classicisme, mais elle est appliquée de manière fastueuse; le fond blanc ramène la solennité qui convient à un grand escalier.

Les salons de réception du premier étage, la salle des fêtes et la salle à manger.

Il donne sur les pièces de réception de la résidence, qui consistent en trois salons, une salle des fêtes (à l'ouest) et une salle à manger (à l'est). Les deux dernières salles et de deux des salons sont marqués par l'opulence de leur ornementation, dont la saveur penche assez nettement vers le maniérisme, notamment le travail des stucs. La rigueur du compartimentage des plafonds rappelle l'influence du néo-classicisme à l'époque de Louis-Philippe. Les tableaux qui y sont intégrés sont des originaux du XVIIème et du XVIIIème siècle et sont tout ce qui reste sur place de la collection de Hope. Quant à sa chambre, dont l'ornementation est proche, elle est exposée au musée des Arts Décoratifs à Paris.

Les salles du rez-de-chaussée, dont le bureau de l'ambassadeur.

Le reste des œuvres d'art et le mobilier proviennent de collections polonaises. Le rez-de-chaussée, moins notable, abrite entre autres le bureau de l'ambassadeur.

Deux sources : Collectif, L'hôtel de Monaco, la résidence de l'ambassadeur de Pologne à Paris, Paris, Flammarion, 2012 et Sillery, Monographie de l'Hôtel de Sagan, Paris, Imprimerie Julien Frazier, 1909; ce dernier est disponible sur http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5774625r/f3.image.r=hotel%20de%20monaco%20brongniart.langFR

Sauf mention contraire, les photographies et dessins sont de source personnelle.