Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Architecture classique parisienne : l'hôtel de Lauzun ou de Pimodan

8 Juillet 2013 , Rédigé par Michael Mendes Publié dans #paris, #architecture classique, #Le Vau, #Hotels particuliers

La façade principale de l'hôtel de Lauzun.

La façade principale de l'hôtel de Lauzun.

L'hôtel de Lauzun ou de Pimodan, 17 quai d'Anjou à Paris

Parmi les hôtels particuliers qui ont conservé leurs décors à Paris, celui de Lauzun, ou de Pimodan selon les sources, fait partie des plus réputés. Ses boiseries et ses panneaux du milieu du XVIIème siècle sont représentatifs de la richesse de certaines familles nobles françaises juste avant l'instauration de la monarchie absolue.

La demeure a été réalisée pour Charles de Groyn, qui possédait de hautes responsabilités dans l'armée, et était proche de Fouquet; comme ce dernier, il fait appel vers 1650 aux plus grands architectes et peintres de son époque, notamment Louis Le Vau et Charles Le Brun. L'ensemble est achevé peu avant la chute de Fouquet et en conséquence la disgrâce de Groyn, qui parvient toutefois à le conserver plusieurs années avant de le vendre au comte de Lauzun. Quant aux Pimodan, ce furent les derniers propriétaires de la résidence avant la Révolution, ce qui explique que leur nom lui est parfois attribué.

Détails extérieurs et cour principale de l'hôtel de Lauzun.Détails extérieurs et cour principale de l'hôtel de Lauzun.
Détails extérieurs et cour principale de l'hôtel de Lauzun.Détails extérieurs et cour principale de l'hôtel de Lauzun.

Détails extérieurs et cour principale de l'hôtel de Lauzun.

L'extérieur est marqué par sa grande sobriété, atténuée toutefois par des éléments de ferronnerie qui annonce le faste de l'intérieur, notamment le balcon signalant l'étage noble soutenu par des consoles dessinées en forme de volutes. Les gouttières, avec leurs monstres marins, sont assez étonnantes. La cour présente un mur renard (percé de baies aveugles) afin de pallier à la présence d'un mitoyen et de conserver un semblant de symétrie au sein de celle-ci.

Documents montrant l'architecture de l'escalier.Documents montrant l'architecture de l'escalier.
Documents montrant l'architecture de l'escalier.

Documents montrant l'architecture de l'escalier.

L'escalier est à volées droites, entourant un vide central lui conférant une certaine ampleur et valorisant la composition du plafond. Ce type d'escalier, devenu courant à Paris à cette époque, provient du sud de la France et de l'Espagne[1]. Il s'agit d'une reconstruction car la réalisation d'origine a été profondément modifiée au XIXème siècle, et conférait l'espace du sommet de l'escalier, à l'étage noble, à une salle à manger. Les balustrades en pierre, avec leurs chapiteaux corinthiens inversées et l'entrecroisement des colonnettes, relèvent d'un certain maniérisme.

[1] Voir Pérouse de Montclos, Histoire de l'architecture française, De la Renaissance à la Révolution, Paris, Mengès et éditions du Patrimoine, 2003, p.89, pour plus de détails.

Décors de l'antichambre de l'hôtel.Décors de l'antichambre de l'hôtel.

Décors de l'antichambre de l'hôtel.

Depuis le sommet de l'escalier, il est possible d'accéder à l'antichambre, qui forme la première des quatre pièces constituant l'enfilade donnant sur la rue et la Seine, autrement dit là où se doivent d'être les pièces les plus importantes de l'hôtel particulier. Etant donné l'étroitesse de la façade, les portes qui matérialisent cette enfilade, pour accentuer l'effet de perspective, deviennent de moins en moins hautes au fur et à mesure du parcours.

L'ornementation de la salle de musique ou chambre de parade de l'hôtel.
L'ornementation de la salle de musique ou chambre de parade de l'hôtel.L'ornementation de la salle de musique ou chambre de parade de l'hôtel.

L'ornementation de la salle de musique ou chambre de parade de l'hôtel.

Après l'antichambre, se situe la salle de musique, qui est par son ornementation et sa double hauteur la pièce la plus impressionnante de l'ensemble. La mezzanine permettait d'accueillir les musiciens. En ce qui concerne les lambris, ils forment deux registres : un soubassement composé d'imitations peintes de guirlandes et de bas-reliefs; un niveau supérieur contenant des paysages et des natures mortes unifiées par des consoles engagées semblant soutenir les encadrements de peintures. Le plafond et ses voussures abritent le troisième registre, qui est mythologique. Il est possible de retrouver ce type de composition dans l'hôtel Lambert non loin[1].

[1] Voir Pérouse de Montclos, Histoire de l'architecture française, De la Renaissance à la Révolution, Paris, Mengès et éditions du Patrimoine, 2003, p.246

Les décors de la chambre à coucher formant part de l'enfilade.Les décors de la chambre à coucher formant part de l'enfilade.
Les décors de la chambre à coucher formant part de l'enfilade.Les décors de la chambre à coucher formant part de l'enfilade.

Les décors de la chambre à coucher formant part de l'enfilade.

L'enfilade donne ensuite sur la chambre à coucher, qui reproduit cette composition à une échelle plus modeste et intime. Une alcôve abritait le lit.

L'ornementation du cabinet des Glaces terminant l'enfilade.L'ornementation du cabinet des Glaces terminant l'enfilade.
L'ornementation du cabinet des Glaces terminant l'enfilade.L'ornementation du cabinet des Glaces terminant l'enfilade.

L'ornementation du cabinet des Glaces terminant l'enfilade.

Le cabinet des Glaces qui suit se distingue des deux autres pièces non seulement par ses dimensions restreintes, mais aussi son lambrissage à triple registre, plus archaïsant mais riche, dont les miroirs occupent le deuxième niveau de la composition, conférant de l'ampleur à cette petite salle.

L'hôtel de Lauzun est parfois visitable durant les journées du Patrimoine, même si ce n'est pas systématique en raison des difficultés logistiques causées par la taille des pièces. Comme il est impossible d'en photographier l'intérieur, différents documents m'ont permis de constituer l'ensemble iconographique de l'article :

- Les photographies noir et blanc et les coupes sont disponibles depuis la fiche de la base Mérimée de l'hôtel (http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/merimee_fr?ACTION=RETROUVER&FIELD_1=DPT&VALUE_1=75&FIELD_98=DPRO&VALUE_98=CLASSE%2b&NUMBER=26&GRP=1&REQ=%28%2875%29%20%3aDPT%20%20ET%20%20%28%28CLASSE%2b%29%20%3aDPRO%20%29%29&USRNAME=nobody&USRPWD=4%24%2534P&SPEC=9&SYN=1&IMLY=&MAX1=1&MAX2=100&MAX3=100&DOM=MH).

- Les photographies en couleurs de l'extérieur sont de source personnelle, celle de la salle de musique provient d'un album diffusé par la mairie de Paris qui laisse entrevoir le faste des lieux (https://picasaweb.google.com/102381740281182075200/Lauzun?noredirect=1).

- Les gravures et certains renseignements de l'historique de la demeure proviennent de l'ouvrage de Rouyer et Darcel, L'Art architectural en France depuis François Ier jusqu'à Louis XIV. Motifs de décoration intérieure et extérieure dessinés d'après des modèles exécutés et inédits des principales époques de la Renaissance..., Paris, Noblet et Baudry, 1863 (http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5844469n.r=hotel+de+lauzun.langFR)

Partager cet article

Commenter cet article