Architecture baroque brésilienne : la chapelle de Sao José à Genipapo, région de Bahia

La façade principale de la chapelle de Sao José de Genipapo

La chapelle de Sao José à Genipapo, près de Castro Alves et Cachoeira.

Cette petite chapelle présente une architecture typique des établissements religieux installés dans des petites communautés rurales. Il s'agit à l'origine d'un lieu de culte associé à une ferme, une fazenda, qui n'existe plus désormais; un petit village s'y est implanté autour. Cette propriété était stratégiquement placée le long de la voie d'accès vers les mines de la Chapada Diamantina et du Minas Gerais (à l'ouest et au sud-ouest). La richesse décorative intérieure a longtemps fait douter du caractère privatif originel de l'église, au profit d'une supposée fondation par des missionnaires avec l'aide financière du propriétaire de la fazenda.

L'extérieur de la chapelle de Sao José de Genipapo, publié dans la planche 20 du tome II de L'Architecture Religieuse au Brésil

La chapelle de Santana près de Ilheus dans la région de Bahia (source : http://www.panoramio.com/user/1069090?with_photo_id=34419854; http://uabrazilsciences2010.blogspot.com/). L'auvent (alpendre) et le clocher sur mur pignon apparaissent au début du XVIIème siècle.

La chapelle de Bom Jesus da Gloria à Jacobina (Bahia), fondée par des missionnaires (source : http://www.flickr.com/photos/emanuelfonseca/sets/72157605132440541/with/2933040101/). L'originalité de l'édifice réside dans ses auvents (alpendres) latéraux. Le clocher est en bois.

Le plan de la chapelle est simple, avec une entrée comportant un auvent (ou alpendre) ici soutenu par des colonnes à section carrée d'ordre toscan. Du côté gauche des niches creusées dans un mur pignon accueillent les cloches de l'édifice. L'ensemble forme un plan en forme de T, avec deux sacristies de part et d'autre de l'autel principal (capela-mor). La sobriété s'impose à l'extérieur, seule la clôture autour de l'alpendre présente des motifs décoratifs. Ces caractéristiques sont typiques des chapelles de campagne jusqu'au XVIIIème siècle, il est possible d'en retrouver dans des réalisations plus anciennes de la région de Bahia, comme celle de Santana près d'Ilheus[1], ou dans des missions plus ou moins éloignées, comme celle de Jacobina.

[1] Cette chapelle date du XVIIème siècle (source : http://www.iphan.gov.br/ans.net/tema_consulta.asp?Linha=tc_hist.gif&Cod=2834

L'extérieur et l'intérieur de la chapelle de Sao José de Genipapo.

L'intérieur peut surprendre par son ornementation. J'ai déjà évoqué cet effet de théâtralisation qui se retrouve dans les églises de construction portugaise, lorsque j'ai abordé l'église de Sao Miguel de Cajuru (voir l'article correspondant). De la chapelle réalisée entre 1704 et 1708, les principaux éléments d'origine paraissent être l'extérieur, et le plafond à caissons du maitre-autel. Les peintures de ce dernier constituent une forme de décoration répandue dans le centre et le nord du Portugal au XVIIème et début du XVIIIème siècle, permettant de transmettre la liturgie par des images. Elle est bien moins répandue au Brésil, mais il en reste encore quelques exemples (voir l'article sur l'église de Viçosa do Ceara). Les deux retables latéraux présente des survivances baroques (colonnes salomoniques, couronnements en volutes, dissociation des parties) mais la présence de motifs rocailles et néo-classiques (guirlandes) prouvent qu'il s'agit d'ajouts ultérieurs, comme les peintures sur bois encadrant l'arc triomphal, le maitre-autel, et le plafond de la nef. Ce dernier combine ces deux styles, par le décor architecturé peint, et la relative retenue de l'ensemble. Sa composition d'ensemble intègre moins bien la scène religieuse avec le reste de l'ornementation architecturée, comme cela pourrait se faire au Minas Gerais. Cependant les colorations qui y sont employées, imitant le marbre, peuvent en partie rappeler la production de cette région. Elle n'a pas non plus la même somptuosité d'ensemble que les plafonds en trompe-l'œil existant à Salvador de Bahia.

L'ensemble décoratif reste néanmoins considérable pour une chapelle de campagne.

Article sur la chapelle de Sao José de Genipapo publié dans le n°2 de la Revista do Serviço do Patrimonio Historico e Artistico Nacional, en 1938.

Cette chapelle a été révélée dans le pays dans un article paru dans la Revista do Serviço do Patrimonio Historico e Artistico Nacional, en 1938, que je transmets ci-joint. Germain Bazin, dans L'Architecture Religieuse au Brésil (tome II, p.14), qualifia l'ensemble comme "un précieux témoignage de l'architecture religieuse rurale au XVIIIème siècle". Cependant, il faudra attendre 1971 pour la classification ou tombamento de l'édifice, et 2005 pour une véritable restauration.

Plus d'informations dans ces deux documents, l'un focalisé sur les peintures, l'autre sur la restauration (tous deux en portugais) :

http://www.cbha.art.br/coloquios/2011/anais/pdfs/luiz_freire_anaiscbha2011.pdf (d'où proviennent les images générales actuelles de l'extérieur et de l'intérieur)

http://www.anpap.org.br/anais/2010/pdf/cpcr/zeila_maria_de_oliveira_machado.pdf (source des vues du détail du plafond et d'un retable latéral)