Architecture éclectique mexicaine : le "Palacio de las Vacas" à Guadalajara

1 Mai 2013 , Rédigé par Michael Mendes Publié dans #Mexique, #Guadalajara, #eclectisme

Le "Palacio de las Vacas" à Guadalajara, Mexique

Je propose ici de découvrir une période peu connue à l'étranger en matière d'architecture latino-américaine : la Belle Epoque.

Le Mexique était particulièrement prospère à cette époque là (entre 1880 et 1910); cela coïncidait avec le développement des infrastructures de transport et les grandes propriétés latifundiaires (haciendas). Le pays était alors dirigé durant toute cette période par Porfirio Diaz, qui parvient à se maintenir au pouvoir pendant 35 ans presque sans intermittence. Cependant, les fortes inégalités sociales, la corruption, et les fraudes répétées aux élections vont finir par entrainer sa chute et seront le prélude à la révolution mexicaine.

L'éclectisme s'épanouit ainsi durant le Porfiriato, avec des influences aussi bien locales que venant de l'étranger, notamment le courant des Beaux-Arts (influence française). L'édifice que je vais présenter ici est à la fois caractéristique de cette époque tout en affichant une certaine originalité; malheureusement, son architecte reste pour le moment anonyme.

Ce palais devient rapidement renommé pour son faste après son inauguration en 1910. Quelques années après, il fut cédé et changea plusieurs fois d'affectation avant son abandon, puis sa récupération progressive. A un moment donné, il devient une laiterie, d'où le surnom de "Palacio de las Vacas".

Emplacement et vue aerienne du palais (encadré en rouge). Au nord, la Calle Reforma, au sud la Calle San Felipe.

Le plan de la demeure, établie sur une parcelle longue et étroite de 690m2, avec des mitoyens, est caractéristique de ce qui se faisait depuis l'époque coloniale, avec ses cours ou patios amenant de la lumière à l'intérieur.

Façade du palais (source : http://www.skyscrapercity.com/showthread.php?t=1290747&page=2)

La façade, quant à elle, est un intéressant morceau d'éclectisme. Les fenêtres géminées s'inspirent quelque peu du gothique vénitien, comme les palais qui peuvent être admirés le long des canaux comme la Ca d'Oro. La répartition de ses ouvertures évoquent plutôt les schémas vénitiens que l'on rencontre dans les immeubles du XIXème siècle à Paris. Les moulures ou alfizes des percements résultent directement de la tradition mudéjare de l'architecture espagnole, qui s'est répandue dans les colonies; cependant, la façade est souvent qualifiée à tort de néo-mauresque.

Le patio principal du palais (source : http://www.flickr.com/photos/23604489@N05/)

Le patio principal du palais (source : http://www.flickr.com/photos/23604489@N05/)

L'intérieur, qui reste relativement délabré, est remarquable surtout pour ses cours, qui suivent la même inspiration que précédemment, avec même des accents baroques sur la paroi curviligne du patio principal, ainsi que pour ses fresques. Ces dernières ont été réalisées par un peintre alors jeune, dont le talent a été découvert par le maître d'ouvrage. Cet artiste, Xavier Guerrero, sera par la suite le maître de certains grands muralistes mexicains, notamment Orozco, l'auteur des fresques de l'ancien hôpital Cabanas dans la même ville de Guadalajara. Les peintures représentent des paysages ou des scènes de genre; leurs encadrements floraux marquent une influence de l'Art Nouveau.